Jean-Jacques Rousseau et l’amour des bêtes

Rousseau et l'amour des bêtes

Jean-Jacques Rousseau et l’amour des bêtes :

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Jean-Jacques Rousseau « Voici mon meilleur ami.

J’en ai cherché parmi les hommes, je n’en ai presque point trouvé », disait Rousseau en parlant de son chien.  Rousseau reconnaît une même origine et une communauté de nature entre l’animal et l’homme, sans pour autant les identifier. Il y a une animalité de l’homme, puisque l’homme sent, éprouve du plaisir et souffre, comme l’animal. L’homme a donc indiscutablement une responsabilité morale envers les animaux, et l’animal possède des droits, en vertu de cette sensation et de cette souffrance qu’il partage avec nous. Si l’animal est d’un certain point de vue à notre image, le faire souffrir inutilement reviendrait à offenser indirectement la nature humaine.

Mais si l’animal a des droits qui requièrent notre bienveillance, il n’est pas pour autant notre égal en droit. Rousseau déplace sans l’abolir, la frontière métaphysique héritée du christianisme qui sépare l’animal et l’homme. L’homme procède de l’animalité, il possède une part animale, mais il est le seul être naturel « libre » et « perfectible » qui peut à chaque instant s’améliorer en dépassant sa propre nature :

« Je ne vois dans tout animal qu’une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même et pour se garantir, jusqu’à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J’aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l’homme concourt aux siennes, en qualité d’agent libre. L’un choisit ou rejette par instinct, et l’autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s’écarter de la règle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l’homme s’en écarte souvent à son préjudice. »

Une synthèse provisoire … Rousseau donne une première synthèse sur la question animale, qui par son caractère nuancé ouvre aux débats contemporains : – – l’homme et l’animal ne s’opposent plus comme deux natures séparées, la première, «reine de la création » pouvant user sans aucune considération ni limitation de la seconde. – – Rousseau se représente l’animal comme un lointain cousin ou un parent pauvre qui précisément, pour son indigence et sa moindre performance, ne mérite pas notre mépris, mais exige notre attention et notre bienveillance.

et problématique au 18 ème.

Il y a donc reconnaissance d’un droit limité de l’animal, en tant qu’être sentant et souffrant, sans égalité en droit entre l’animal et l’homme. Cette égalité en droit est impossible du fait de l’asymétrie entre l’instinct figé de l’animal et la liberté du sujet humain. L’animal n’est pas lui-même un « sujet moral » distinguant le bien et le mal, qui pourrait juger du bien-fondé de sa propre action, et même des actions humaines. Pour Rousseau il existe donc un domaine proprement humain, où des sujets libres se reconnaissent comme pleinement égaux, qui est définitivement refusé aux animaux. Ce qui n’enlève rien à l’animal et ne saurait justifier aucune cruauté envers lui.

source : « La conception de l’animal dans la philosophie occidentale (Antiquité – 18 ème siècle) Conférence Saint Paul de Varces Nature La conception de l’animal. »