Episode du Chien de Menilmontant . Rousseau est sérieusement bléssé

24 OCTOBRE 1776

C’est le 24 octobre 1776 que Rousseau est renversé par un gros chien danois à la barrière de Ménilmontant, et qu’il perd connaissance. Il nous raconte le fait dans la deuxième de ses Rêveries du promeneur solitaire: «J’étais sur les six heures à la descente de Ménilmontant… quand des personnes qui marchaient devant moi s’étant tout à coup brusquement écartées, je vis fondre sur moi un gros chien danois qui, s’élançant à toutes jambes devant un carrosse, n’eut pas même le temps de retenir sa course ou de se détourner quand il m’aperçut.»

L’accident est pour Rousseau l’occasion de faire deux constatations. Le moment où il revient à lui est d’abord l’occasion d’un pur enchantement, d’une réelle béatitude: «J’aperçus le ciel, quelques étoiles, et un peu de verdure. Cette première sensation fut un moment délicieux… Je naissais dans cet instant à la vie, et il me semblait que je remplissais de ma légère existence tous les objets que j’apercevais.» Nous voilà bien proches des sensations vécues par Montaigne quand il raconte, dans les Essais, comment il était revenu à lui, après une chute de cheval.

Mais cet incident permet surtout à Rousseau de voir confirmés les soupçons qu’il nourrissait, depuis longtemps déjà, à l’égard de ses contemporains: on n’hésite pas ainsi à diffuser la nouvelle de sa mort. Le Courrier d’Avignon écrit qu’il «y a tout lieu de croire que le public ne sera pas privé de sa vie et qu’on y trouvera jusqu’au nom du chien qui l’a tué», et Voltaire ajoute que «Jean-Jacques a très bien fait de mourir». Autant de traits qui achèvent de convaincre Rousseau qu’il est entouré de «noires ténèbres» dues à la «méchanceté des hommes», tous occupés à ourdir le «complot» dont il est victime…

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