Étiquettes
« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi seul. »
Qui n’a jamais lu ces lignes, préambule des Confessions de Jean-Jacques Rousseau ?
Aujourd’hui, un comédien, William della Rocca, fait le pari de réparer le moule brisé pour faire revivre l’écrivain philosophe dans les salons parisiens de notre siècle.
Vous allez assister à l’une de ces soirées de théâtre en appartement.
Rousseau en salon, c’est (ici)
Si un jour l’on croise le chemin de William della Rocca, ce comédien hors sentiers qui connaît Rousseau par cœur, l’on comprendra que celui-ci, endossant l’habit de l’écrivain, lui cède discrètement sa place et nous réserve une surprise fatale à couper le souffle. Face à Jean-Jacques qui soudain surgit du boudoir à pas de chat, le spectateur se momifie, abasourdi. Lui, le comédien qui interprète les Confessions ? Ou son ombre, l’écrivain qui, en toute complicité, commence à se confesser ? A s’y méprendre. Il se lamente, s’apitoie sur lui-même, me prend à partie, explose d’agacement mais sans colère, va même jusqu’à rire à gorge déployée puis reprend son rythme …;Il est vivant puisqu’à cet instant précis, alors que je me pince le bras, il se trouve devant moi. Mon propos n’est issu d’aucune affabulation. Ce comédien est happé par le désir d’approcher l’auteur au plus près. Mieux, pire, il s’y identifie autant par ses confidences que par sa silhouette décalquée. Silence, Jean-Jacques se confesse. On l’écoute. Inutile d’avoir en poche des pastilles vertes contre la toux, sur-le-champ, vous seriez remercié. Seule la respiration muette est autorisée. C’est alors que le double du Génie déambule. L’émotion explose à la première seconde où il glisse son mal de vivre dans le salon, là où je suis assise à trois mètres et alors que je ne peux rien faire pour l’aider. William ? Jean-Jacques ? Convaincue, silencieuse, me voilà partie en voyage.