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Historien des idées et de l’imaginaire social, spécialiste de Rousseau, des Lumières et de la Révolution française, Bronislaw Baczko est mort à Genève à l’âge de 92 ans.
Né au sein d’une famille modeste, l’enfant est un lecteur compulsif qui ruse pour emprunter toujours plus de livres – Dumas, Balzac, comme Karl May, auteur des aventures de l’Apache Winnetou, lus en polonais.
Quand les nazis envahissent la Pologne, il fuit à l’Est, avec son frère aîné. Si ses parents disparaissent dans le ghetto, lui, après deux années dans un kolkhoze soviétique, intègre le corps d’armée formé par les survivants du Parti communiste polonais. Et c’est en officier qu’il pénètre dans Varsovie en 1945.
Dans le butin abandonné par les Allemands, il déniche par hasard des textes de Rousseau.
Mais celui qui est encore un « marxiste croyant », selon ses termes, néglige le « citoyen de Genève », peu réductible aux normes de rigueur.
Le voilà à l’université, où il passe sa licence, arborant encore sa tenue militaire, ce qu’il ne se pardonnera pas, craignant d’avoir ainsi inconsciemment intimidé son jury. S’intéressant aux idées politiques dans leur lien avec l’Etat et la société, il entreprend une thèse sur un groupe d’émigrés politiques polonais, qui après l’échec de l’insurrection de 1830, forme à Paris une Société démocratique polonaise.
Avec le recul, Baczko condamne sans appel ce travail qui essaie au forceps de corseter dans une gaine marxiste un sujet qui ne s’y prête pas. Comme il s’en veut d’un pamphlet idéologique contre le logicien Tadeusz Kotarbinski (1886-1981).
Source : Le Monde
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