Étiquettes
« Il ne me quittera point, Monsieur, cet admirable portrait qui me rend en quelque façon l’original respectable : il sera sous mes yeux chaque jour de ma vie : il parlera sans cesse à mon cœur : il sera transmis après moi dans ma famille, et ce qui me flatte le plus dans cette idée est qu’on s’y souviendra toujours de notre amitié. » Lettre de Jean-Jacques Rousseau à Maurice-Quentin de La Tour du 14 octobre 1764.
L’autoportrait dit « à l’index » ou « à la croisée », ou encore « en Démocrite » — exposé au Salon en 1737 sous le titre « L’auteur qui rit » —, fut fait un jour où La Tour s’était amusé de l’expression de son propre visage alors qu’il avait refusé l’entrée de son atelier à son ami l’abbé Huber !

Maurice-Quentin Peintre pastelliste, il exécute de nombreux portraits des personnalités du XVIIIe siècle : Louis XV, Rousseau, Voltaire, Madame de Pompadour.
Surnommé « prince des pastellistes », il fait partie des artistes les plus réputés à la cour du Roi Louis XV. D’un caractère assez particulier, il ne transmet pas ses savoirs faire, qui se perdent en partie après sa mort. Ses tableaux, très prisés avant la Révolution deviennent invendables par la suite, tellement l’artiste a été engagé aux côtés des philosophes.

« Autoportrait à la toque d’atelier » – apparaissant sur le billet de banque de 50 francs à partir de 1976
Le rapport de ROUSSEAU aux portraits :
Rousseau s’est pourtant toujours méfié des portraits qui ne servent qu’à polir l’égo de ceux qui les réalisent et encore plus de ceux qui les admirent sachant que parmi eux, l’un, tenant le rôle principal, porte toujours le doux nom d’emprunt de Narcisse.
S’agissant d’un autre tableau célèbre, celui de Ramsay, Rousseau en habit d’arménien, a accepté de faire figuration dans cette mascarade devant laquelle tout le Gotha, de l’Angleterre jusqu’aux Alpes, n’a eu de cesse que de s’extasier. Pourtant ce chef-d’œuvre, à leurs yeux, n’avait d’autre finalité que de le sublimer, mais pour les siens, que de présenter au monde entier « un cyclope affreux ».
De plus il est intéressant de rapprocher ce point de vue de celui figurant dans la Nouvelle Héloïse, à propos du portrait de Julie, l’illustration de ce que peut générer un portrait lorsqu’il ressemble peu ou prou au modèle mais n’est pas le modèle fait de chair et d’os. Le peintre transcrit des formes, des couleurs, mais pas les sentiments du personnage : « Ça ressemble à Julie, c’est beau comme Julie… mais ce n’est pas Julie. » Saint-Preux détaille tout : « les cheveux trop loin des tempes, les couleurs fausses, les traits trop près, trop courts ». Bref, le tableau est raté remarque-t-il.