Le Contrat social a parfois été considéré comme le texte fondateur de la République française, non sans malentendus, ou à titre d’accusation de la part des opposants à la République.
On s’est surtout attaché à sa théorie de la souveraineté: celle-ci appartient au peuple et non à un monarque ou à un corps particulier.
Assurément, c’est chez Rousseau qu’il faut chercher les sources de la conception française de la volonté générale : contrairement aux théories politiques anglo-saxonnes, Rousseau ne considère pas la volonté générale comme la somme des volontés particulières — c’est-à-dire la volonté de tous -, mais comme ce qui procède de l’intérêt commun: « ôtez [des volontés particulières] les plus et les moins qui s’entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale ».
On oublie souvent que Rousseau destinait son Contrat social à de petits États. Il s’inspirait de deux modèles, l’un antique (la cité grecque, notamment Sparte alors tenue pour démocratique), l’autre moderne (la République de Genève).
Rousseau s’opposait à l’opinion de la majeure partie des « Philosophes » qui admiraient souvent les institutions anglaises, modèle d’équilibre des pouvoirs loué par Montesquieu et Voltaire. Parmi ses écrits politiques, Rousseau a été mandaté par la république de Gènes afin de donner une Constitution à la Corse où le « small is beautyfull » est souligné car il se base sur le fonctionnement institutionnel de la Confédération Helvétique de son époque, il a aussi étudié le fonctionnement du gouvernement de la Pologne. Rousseau s’opposait également avec force au principe de la démocratie représentative et lui préférait une forme participative de démocratie, calquée sur le modèle antique.
Se borner à voter, c’était, selon lui, disposer d’une souveraineté qui n’était qu’intermittente ; quant à la représentation, elle supposait la constitution d’une classe de représentants, nécessairement voués à défendre leurs intérêts de corps avant ceux de la volonté générale.
En revanche, il s’opposait à la diffusion massive des savoirs, comme le montre son Discours sur les Sciences et les Arts qui y voit la cause de la décadence moderne. Le modèle de Rousseau est bien plus Sparte, cité martiale, dont le modèle entretenait déjà quelque rapport avec la cité de La République de Platon, qu’Athènes, cité démocratique, bavarde et cultivée. Certains critiques — comme l’universitaire Américain Lester G. Crocker —, particulièrement sensibles au modèle d’autarcie et d’unité nationales de Rousseau, lui ont reproché d’avoir favorisé le totalitarisme moderne.
Cette opinion est devenue minoritaire depuis quelque temps, mais elle témoigne de la force polémique qu’ont encore de nos jours les écrits du « Citoyen de Genève » .
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