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« Nouveau millénaire, Défis libertaires »
Introduction de J J Rousseau juge de Jean-Jacques
Dialogues Michel Foucault
Introduction, in Rousseau (J.- J.), Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues, Paris, A. Colin, coll. « Bibliothèque de Cluny », 1962, pp. VII-XXIV.
Dits Ecrits tome I texte n°7
Ce sont des anti-Confessions. Et venues, comme de leur monologue arrêté, d’un reflux du langage qui éclate d’avoir rencontré un obscur barrage. Au début du mois de mai 1771, Rousseau achève la lecture des Confessions, chez le comte d’Egmont : « Quiconque même sans avoir lu mes écrits examinera par ses propres yeux mon naturel, mon caractère, mes moeurs, mes penchants, mes plaisirs, mes habitudes et pourra me croire un malhonnête homme, est lui-même un homme à étouffer. » Un jeu de l’étouffement commence, qui ne cessera pas avant la redécouverte du domaine ouvert, respirable, irrégulier, enchevêtré mais sans enlacement 1, de la promenade et de la rêverie. L’homme qui ne croit pas Jean- Jacques honnête est donc à étouffer : dure menace, puisqu’il n’a point à fonder sa conviction sur la lecture des livres, mais sur la connaissance de l’homme, cette connaissance qui est donnée sans fard dans le livre des Confessions, mais qui à travers lui doit s’affirmer sans lui. Il faut croire ce que dit la parole écrite, mais non pas la croire parce qu’on l’a lue. Et l’injonction, pour rejoindre son sens et ne pas contester l’ordre qu’elle donne par le lieu d’où elle le profère, est lue par l’auteur ; de cette manière on pourra l’entendre : alors s’ouvrira un espace de la parole légère, fidèle, indéfiniment transmissible où communiquent sans obstacle croyance et vérité, cet espace sans doute de la voix immédiate où le vicaire savoyard, à l’écoute, avait jadis logé la profession de sa foi
Sur ce thème, cf. les pages remarquables de J. Starobinski, dans son J.- J. Rousseau, Plon, 1958, pp. 251 sq.
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