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S . I . A . M . – Jean Jacques ROUSSEAU

~ Société Internationale des Amis du Musée – Jean Jacques Rousseau

S . I . A .  M .    –    Jean Jacques ROUSSEAU

Archives de Tag: voltaire

Quand Rousseau a son pire ennemi « embastillé » !

13 dimanche Oct 2019

Posted by Christian DIDIER in Histoire

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bastille, Rousseau, voltaire

Voltaire a été embastillé à deux reprises : une première fois en 1717 (pendant 11 mois) pour avoir publié un poème décrivant les amours incestueuses du Régent, et une seconde fois en 1726 , pendant 2 semaines.

Pourquoi …

Le saviez vous ? Cherchez un peu 

c’était pour avoir provoqué en duel le chevalier de Rohan-Chabot après une altercation.

Pour ceux qui s’étonnent de voir un lettré défier en duel un chevalier (on se demande intuitivement quelle chance il peut bien avoir), à savoir qu’après quelques remarques désobligeantes de Voltaire à l’encontre de Rohan, ce dernier l’a fait rosser par ses gens. Voltaire, l’honneur en miettes, a par la suite pris des cours d’escrime dans le seul but de le défier en duel.

Seulement, le chevalier a purement et simplement esquivé le conflit par l’intermédiaire d’une lettre de cachet, faisant emprisonner Voltaire. C’est suite à cela que l’homme de lettres s’est exilé en Angleterre, alternative bienvenue à l’emprisonnement.  

Tout commença en l’année 1725.

 « Le chevalier le trouve à l’Opéra et lui dit : Mons de Voltaire, Mons Arouet, comment vous appelez-vous ?« . L’autre réplique un peu vivement, plaisantant sur l’adjonction des deux noms Rohan et Chabot, et pour ce soir du moins, l’affaire s’en tient là.
Quelques jours plus tard, nouvelle rencontre entre les deux hommes, cette fois dans la loge de la comédienne Adrienne Lecouvreur. Vexé des attentions que lui accorde l’actrice, le chevalier apostrophe une seconde fois Voltaire, lui demandant comment le nommer :
« Voltaire ! répond l’impertinent. Je commence mon nom et vous finissez le vôtre ! » Le mot d’esprit est passé par tant de bouches qu’il a sans doute été déformé. Peu importe. On le retrouvera bien plus tard dans la Rome Sauvée, où le dramaturge fait dire par Cicéron à Catilina :
 Mon nom commence en moi : de votre honneur jaloux, 
Tremblez que votre nom finisse dans vous…

Voltaire a toujours eu l’art de ces saillies. De son vivant, elles couraient de salon en salon, et le Tout-Paris s’en amusait.
Pourtant, en ce soir de janvier, Voltaire aurait dû s’abstenir d’humilier un grand en public.  Car le grand, lui, préparait déjà sa vengeance…

 

Pour ce qui se demandait, comme moi, si le verbe embastiller désigne mettre en prison ou emprisonner spécifiquement à la Bastille, il peut désigner les deux.

En effet, bastille était un nom commun qui désignait une place fortifiée, avant de devenir un nom propre. On pourrait croire que les Parisiens n’ont pas eu beaucoup d’imagination en lui donnant comme nom propre, le nom commun qui lui correspondait. Comme si on avait appelé le château de Versailles, le Château et la cathédrale Notre-Dame de Paris, la Cathédrale et même la ville de Paris, la Ville ! Mais en fait son vrai nom était la bastille Saint-Antoine, ce qui la décrivait parfaitement puisque c’était une bastille qui se trouvait à l’entrée du quartier Saint-Antoine. Et puis avec le temps, comme il n’y avait pas d’autre bastille dans les environs, dire simplement la Bastille à suffi à la désigner et ça lui est resté.

« Soyez plutôt esclaves que parricides ! »

04 lundi Juin 2018

Posted by Christian DIDIER in Philosophie

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#Rousseau Voltaire, Marx, siècle des lumières, voltaire

 Si Rousseau s’effrayait qu’on pût le tenir pour un révolutionnaire  (« Soyez plutôt esclaves que parricides ! »  s’était-il écrié face aux Genevois), aucune pensée plus que la sienne en son siècle ne s’est pourtant avérée plus radicalement subversive au regard des normes idéologiques de son temps.

 

Le « Siècle des Lumières en Europe » : remises en question fondamentales de l’ordre social.

On présente généralement le « Siècle des Lumières en Europe » (1730 – 1780) comme un intense moment de croyance au « progrès général » des sociétés et des États, comme un temps d’apaisement des conflits sociaux et d’atténuation des luttes de classes, comme l’instant où  les consciences jusqu’alors soumises aux préjugés et aux fausses sciences, se seraient émancipées de la tutelle des autorités traditionnelles. Cette vision unilatéralement optimiste et tranquillisante ne contient qu’une part réduite de vérité. Car le Siècle des Lumières a aussi vu paraître des remises en question fondamentales de l’ordre social, soit sous la forme d’utopies, soit au travers d’énoncés critiques, véritablement subversifs comme ceux que Jean-Jacques Rousseau a énoncés dans ses œuvres publiées et connues de 1750 à 1788 et rééditées au cours même de la Révolution française.

Si Rousseau s’effrayait qu’on pût le tenir pour un révolutionnaire  (« Soyez plutôt esclaves que parricides ! »  s’était-il écrié face aux Genevois), aucune pensée plus que la sienne en son siècle ne s’est pourtant avérée plus radicalement subversive au regard des normes idéologiques de son temps.

Une œuvre gigantesque: sur l’importance des démarches et élaborations philosophiques de Rousseau.

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Les trois sésames pour comprendre Jean-Jacques Rousseau

23 vendredi Fév 2018

Posted by Christian DIDIER in A Propos, Philosophie, Rousseau

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@complot, @religion civile, Jean jacque Rousseau, révolution, voltaire

 

Converti au catholicisme avant de l’abjurer et de se dire fidèle à la Réforme, le philosophe prôna une foi éclairée et proposa un pacte social fondé sur la bonté naturelle de l’homme, le culte de la liberté et le respect de la « religion civile ».

« Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre », confie Jean-Jacques, l’écrivain, à Rousseau, le philosophe, dès les premières lignes de ses Confessions. Mi-Socrate (« Connais-toi toi-même ») mi-Diogène (« Je cherche un homme »), le philosophe des Lumières préfère être « homme à paradoxes qu’homme à préjugés ».

 

Né le 28 juin 1712 dans la République calviniste de Genève, cet orphelin de mère vit cependant une enfance idyllique auprès de sa nourrice Jacqueline. Abandonné par son père à 16 ans, il s’enfuit jusqu’à Annecy, où il fait la rencontre d’une veuve catholique, Madame de Warens. Celle qu’il nomme « Maman » sera sa protectrice avant de devenir sa maîtresse. Sur ses conseils, il se convertit à Turin au catholicisme romain et se fait tour à tour laquais, musicien puis secrétaire d’ambassade à Venise, avant d’envisager la prêtrise. Mais il finit par s’installer en 1742 à Paris, où il fréquente les encyclopédistes, de Diderot à d’Alembert, pour lesquels il rédige des articles de musique.


Le meilleur ennemi Voltaire 

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Dialogue à la manière de …

16 mardi Jan 2018

Posted by Christian DIDIER in Philosophie

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#Rousseau Voltaire, Rousseau, voltaire

 

« On n’est curieux qu’à proportion qu’on est instruit. » – Jean-Jacques Rousseau

EXTRAITS D’UN DIALOGUE THEATRAL

ENTRE VOLTAIRE ET ROUSSEAU

Rousseau (choisit de s’assoir sur la chaise en face de Voltaire)

Voltaire : Que me vaut l’honneur de votre visite ? La présentation d’un nouveau discours directement inspiré par Thomas Hobbes peut-être ?

Rousseau : Ce n’est point, là, le but de mon déplacement, je le crains.

Voltaire : Vous aurez donc omis de m’apporter un exemplaire d’Emile ou de La Nouvelle Heloïse ? Vous m’en voyez peiné.

Rousseau (regardant Voltaire droit dans les yeux) : Je ne suis guère ici, pour votre bonheur personnel. Je le conçois parfaitement.

Voltaire : Bonheur… Vous parlez de bonheur… mais l’homme que vous êtes, cet homme reclus dans la campagne suisse et ce même homme ayant abandonné ses cinq enfants aux « enfants-trouvés », peut-il savoir ce qu’est le bonheur ?

Rousseau (tentant de garder bonne figure) : N’oubliez pas toute méchanceté vient de faiblesse… Les accusations que vous levez contre moi restent infondées. Et si jamais, j’avais des justifications à rendre, je me garderais bien de vous en faire part. Malgré l’admiration que j’éprouve à votre égard, il vous faudra surement tourner les pages d’une de mes futures œuvres, et vous abîmer les yeux à la lecture de mes mots, de mes confessions, pour peut-être y trouver quelconque satisfaction.

(…)

Rousseau (levant la voix) : Mais qu’est ce que le luxe veut dire pour vous ? De beaux habits ? De l’argent ? De la nourriture en abondance ? De belles demeures ? Tout cela n’est que superflu ! Le vrai bonheur ne réside pas dans la superficialité mais dans la naturalité. La paix, l’amitié, l’amour, la famille, la nature, la nourriture en quantité suffisante, voilà les fondements du vrai bonheur d’une vie ! Aujourd’hui nous pourrions les qualifier de luxe tant notre futile société et ses intérêts les ont raréfiés.

Voltaire : La famille et les amis, la société en règle générale est source de bonheur. Un paysan vivant seul avec pour simple compagnie un âne et une poule, est obligatoirement malheureux. Le bonheur est de vivre en ville, ou à la cour. Il faut s’entourer, faire preuve de courtoisie et se montrer curieux. N’est ce pas vous qui avez écrit dans Emile ou de l’Education: « on n’est curieux qu’à proportion qu’on est instruit » ? Voyez donc que le savoir est fondamental pour accéder au bonheur !

Rousseau (gardant son calme tant bien que mal) : En effet, il s’agit de ma plume. Mais il me semble également que j’avais énoncé quelque chose comme « les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu ». Vous qui parlez de société, je crains de ne savoir trop bien à quelle catégorie vous pourriez appartenir.

(…)

Ce fut très plaisant cher ami de débattre ainsi avec vous. De plus, il me tarde de retrouver ma douce et accueillante campagne.

(Rousseau se lève et pose son regard sur les fleurs sauvages qu’il a apportées, puis se détourne vers son hôte)

Jusqu’à ma prochaine visite, tâchez de prendre soin de ce bouquet, et de goûter au prélude du bonheur.

Voltaire (en ouvrant lui-même la porte) : Je vous en prie, sortez. Et surtout n’hésitez pas à revenir quand bon vous semble. Nos entrevues sont toujours un plaisir.

 

Source : Lycée de l'Iroise - Brest (France)

Jean-Jacques Rousseau ou l’expérience authentique de soi

02 dimanche Oct 2016

Posted by Christian DIDIER in Littérature, Philosophie

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Jean Jacques Rousseau, Montmorency, Rousseau, SIAM, SIAM JJR, soi, voltaire

lumieres-siecle
Le XVIIIè siècle ne peut être qualifié de « siècle des Lumières », que pour une partie ou un aspect de sa culture. Au sein même de ce monde intelligible, les valeurs et les attitudes qui s’imposent, refoulent à l’arrière plan un certain nombre d’exigences insatisfaites. Tout au long du siècle, on peut discerner une ligne de force, selon laquelle se poursuit la résistance à l’intellectualisme dominant. L’individu n’accepte pas de se laisser enfermer et réduire à une seule dimension. Il affirme son irréductibilité. Il ne veut pas se laisser définir par son seul intellect. La formule « je suis un moi » revêt la signification d’une revendication quasi absolue de la subjectivité. « Le moi » se refuse à toute identification réductrice. Il tient en échec, par toutes les vertus de son libre arbitre, toutes les prétentions de l’intelligibilité scientifique. « L’homme se sait et se veut un être de chair, un être de sentiment, et non pas seulement une faculté de juger selon des normes rigoureuses importées de la province scientifique. » [[1]]

La personne revendique sa propre appartenance, et s’affirme à la recherche d’un équilibre, entre les divers aspects de son être. Elle s’oppose au nivellement imposé par l’ordre scientifique et social, qui refuse de prendre en considération sa singularité. Pour les âmes sensibles, la vérité intellectualiste des Lumières n’est pas une vérité à visage humain. Celle-ci propose de l’homme une image réductrice. La conception rationnelle, qui s’efforce de donner de toutes choses une explication positive et logique, ne peut suffire à tout éclairer et tout comprendre.

« L’excès des Lumières dans l’éblouissement des vérités de la raison, suscite un véritable aveuglement. » [2]

penserL’être éprouve la nécessité de rechercher en lui-même sa propre vérité. Il ne veut pas rester étranger à lui-même et tourner le dos à sa propre réalité. L’objection de la conscience affirme la priorité de l’espace du dedans. Le retour sur soi s’impose comme refuge, face à l’objectivité des faits et des normes, répandues par l’esprit des Lumières. « Le siècle des Lumières se heurte à sa limite et découvre la nécessité de se dépasser ». [3]

Ainsi s’opposent à l’homme des Lumières, pour qui seul le monde extérieur existe, tous ceux qui maintiennent le primat de l’intimité. Une autre vérité de l’homme se fait jour, celle de la spontanéité intime du sentiment L’idée d’une logique double chez l’être se dessine. L’identité de l’homme a pour soubassement, la complémentarité des perspectives de la présence au monde, et de la présence à soi-même. Il y a danger « d’aliénation intellectualiste » si le moi se laisse dominer par les normes de l’objectivité. Le cœur a ses raisons, le droit de valeur des sentiments s’impose. Rousseau , affirme nettement la priorité des données de l’être intime, en tant que fondement de toute présence au monde : « Exister pour nous, c’est sentir; notre sensibilité est incontestablement antérieure à notre intelligence et nous avons eu des sentiments avant des idées« . [4]

La ligne du cœur traverse le siècle intellectualiste et ne cesse de se faire entendre. Elle se confond parfois avec la ligne de la foi. Cette  influence se transporte jusque dans le domaine du roman. Le Télémaque de Fénelon, fait état de la libre disposition du cœur, chez son auteur; les Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, attestent des libres impulsions du sentiment. [2]

Ainsi, la voie est ouverte qui mène sur les chemins de l’espace du dedans, dès la seconde moitié du XVIIIè siècle. L’expérience spirituelle, prend le pas sur l’expérience de la physique expérimentale. La philosophie du sentiment déchiffre l’univers extérieur, à partir des catégories et des structures du monde intérieur.

Cet ordre de la sensibilité libère l’existence individuelle des contraintes normatives et autres impératifs catégoriques, dont elle était prisonnière. L’éthique du sentiment suggère à chacun de se comporter, selon la norme de son exigence profonde. « La métaphysique du sentiment correspond à une sollicitude nouvelle de l’homme pour l’homme, à une curiosité mais aussi à une inquiétude ». [5]

Les âmes sensibles veulent trouver leur centre et parvenir à la réconciliation avec elles-mêmes. Les « maîtres de l’intériorité », Fénelon, Prévost, Goethe et  Rousseau en premier lieu,  orientent leur pensée et leur vie en fonction du sentiment. Ils privilégient l’expérience affective, les intuitions du cœur et explorent l’immense labyrinthe de la réalité humaine. Ils témoignent, à travers leurs écrits, du souci de vouloir constituer leur être, selon des normes qui répondent à sa vocation personnelle. Le moi se trouve ainsi reconnu comme centre d’expérience, et nœud personnel des valeurs.

e-canyonL’évolution des perceptions, l’avènement de l’homme sensible, attestent du renouveau du climat culturel, en cette deuxième moitié du XVIIIè siècle. Cette nouvelle spiritualité, annonce une nouvelle littérature, qui prend place au sein d’un développement de la culture du moi. L’espace du dedans impose sa prééminence. Désormais, la priorité est donnée au rapport que l’homme entretient avec lui-même. Des hommes et des femmes, de plus en plus nombreux, se mettent en chemin vers l’acquisition d’une vérité, en première personne, supérieure à leurs yeux, à celle que peut leur offrir le postulat universel. La littérature du moi porte témoignage de cette orientation, et s’incarne comme le récit des expériences de son auteur. Elle restitue un espace de liberté et de pensée où la personne peut donner libre cours à sa spontanéité, à son originalité, bien loin des conformités imposées par le rôle social. Un nouveau visage d’homme s’affirme, qui veut mettre en lumière les réalités et les configurations de son existence, qui recherche la coïncidence de soi à soi..[3][4]

L’écriture offre un vaste champ pour se livrer à l’exploration du noyau cellulaire du for intérieur. La littérature intime occupe un vaste espace au XVIIIè siècle et témoigne d’une nette  tendance autobiographique. La connaissance de soi s’impose comme principe et fin en soi. La littérature qui se développe témoigne de la vie intime, des rythmes du sentiment, des valeurs d’une existence donnée. Le moi s’affirme dans sa multiplicité et son ambiguïté.  » La littérature du moi parce qu’elle est littérature, s’expose selon l’ordre de la parole parlée ; mais elle renvoie de cette parole apparente aux intentions profondes, elle est de l’ordre de la confidence et se donne pour objectif de révéler ce secret que chaque âme recèle au fond d’elle-même, secret de soi à soi, justification dernière de l’existence « . [6]

Le XVIIIe siècle voit la consécration de cette littérature subjective. Le nouvel esprit favorise l’éclosion d’une littérature du moi, appelée à un considérable avenir et d’où émerge particulièrement  la figure de Jean- Jacques Rousseau.  Rousseau avec ses Confessions  impose la nouvelle littérature du moi à un public déjà passioné par son Contrat social, sa Nouvelle Héloïse, son Emile.

Jusque là, les textes intimes ne constituaient pas des textes littéraires, mais avec la personne de Rousseau, écrivain reconnu, l’autobiographie accède véritablement à un statut littéraire. Des Confessions, date réellement la consécration européenne de la littérature du moi. L’œuvre marque son temps et fixe un modèle. Elle rassemble un public disposé à accueillir ce genre d’écrits. Le moi devient « objet de consommation » et de curiosité générale. Rousseau communique l’audace de se raconter, de se complaire dans les souvenirs de toute sorte. Les Confessions proposent un espace mental où écrivains et lecteurs évoluent de compagnie. Grâce à cette mutation des mœurs culturelles, le moi devient avouable. Les particularités de l’homme retiennent l’attention, jusque dans les détails les plus intimes..[5]

Rousseau ouvre une voie. Son témoignage est sans précédent. Il introduit une nouvelle façon de parler de soi. Ses Confessions constituent des « mémoires d’un genre nouveau ». Pour la première fois, un homme ordinaire, sans qualité, ose prendre la parole et raconter les détails les plus intimes de son existence. Il trouve même un langage spécifique pour exprimer son moi tout entier. Rousseau n’oublie aucun moment de son existence. Il relate son enfance, sa jeunesse, leurs impressions ineffaçables, ses diverses expériences, ses acquis intellectuels, ses rencontres. En un mot, il montre la façon dont le moi se constitue et se donne forme.

rousseau_-_les_confessions_launette_tome_1_figure_page_0041-1Dans les Confessions, Rousseau souligne d’emblée le caractère inédit de son projet et en revendique l’originalité. « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitation ». [7]              Il insiste également sur l’unicité de l’expérience vécue, la nouveauté de son approche. Les Confessions se veulent comme l’expression de l’histoire de l’âme de l’auteur, beaucoup plus que comme les événements de sa vie. Rousseau sait qu’il va bousculer un lectorat habitué à l’éthique des mémoires aristocratiques, et à la psychologie raffinée des romans de Marivaux et de Crébillon, dans lesquels l’analyse pour soucieuse qu’elle soit de rendre la complexité des cœurs reste soumise aux bienséances et bannit le détail inutile. Cela ne l’empêche pas de faire preuve de la plus grande audace en allant jusqu’à avouer l’inavouable, ce que beaucoup ne lui pardonneront pas. Rousseau joue dans les Confessions l’expérience des limites et l’enjeu de leur transgression..[6]

Rousseau veut montrer un homme dans « toute la vérité de sa nature ». Sa nature, c’est la nature. Il se décrit sans hypocrisie et sans cacher quoique ce soit à ses lecteurs. Il inaugure une nouvelle façon de se raconter et met en place un nouveau style d’écriture. Il déplace le sujet, des événements à leurs effets, sur une subjectivité qu’il désigne comme une âme. La distinction que propose Rousseau, entre l’événement et l’âme, annonce l’écriture de la vie individuelle. Rousseau procède d’une découverte qui éclaire le jeu de la mémoire individuelle et qui préside un nouveau traitement littéraire du temps. Certains passages des Confessions mettent en scène la remémoration du passé d’une manière moderne. C’est par la perception visuelle, que Rousseau parvient à opérer des retours intégraux du passé, qui sont de l’ordre de la rémanence et de l’extase. L’épisode de la pervenche est significatif sur ce point.

charmettes_1830En 1734, Rousseau sur le chemin des Charmettes entrevoit une pervenche, alerté en cela par maman. En 1764, en herborisant avec un ami il découvre à nouveau cette petite fleur bleue. Cette simple image suffit, à le transporter des années en arrière, au temps heureux. Le bonheur est retrouvé dans le souvenir et peut être réécrit. Pour Rousseau, la mémoire est pourvoyeuse de bonheur. « Orchestrant les perspectives temporelles avec intensité mais surtout avec véracité, l’écrivain propose le souvenir d’un avenir rêvé, la rétrospective mélodieuse d’une prospective allègre. Il impose l’idée d’une extase qui est à la fois une extase des trois dimensions temporelles et une extase du bonheur anticipé, vécu, possédé, perdu, remémoré ».[8]

La remémoration offre à Rousseau un moyen d’être soi et de jouir de soi. Dans les
récits d’enfance, la narration permet à l’auteur de revivre ses plus heureux souvenirs. La consolation, que Rousseau trouve en ce refuge au cœur de lui-même, est indice de sa prédisposition à un bonheur spécifique, de sa singularité et de son aptitude à être soi. L’innocence, la simplicité qui accompagnent cette période, ramènent au bonheur originel de l’humanité pour Rousseau. L’innocence originaire de l’individu témoigne de l’innocence originelle de l’humanité.

[7][8] La démarche de Rousseau passe toujours par le ravivement des émotions anciennes. Rousseau s’exprime d’ailleurs en ces termes : « Je sens en écrivant ceci que mon pouls s’élève encore ; ces moments me seront toujours présents quand je vivrai cent mille ans« .[9]

[9]   Rousseau se place toujours sur le registre de l’intériorité et de la subjectivité. L’événement garde sa fraîcheur et sa consistance tout au long de l’œuvre, car il est saisi dans la mémoire affective. Le pourvoir d’évocation et d’identification sensible est poussé au plus haut point. Les sentiments se décrivent et sont perçus par leurs effets. C’est donc de ce point de vue que Rousseau envisage toute l’histoire de sa vie. Il cherche à parvenir à la plénitude du sentiment en revivant les différentes expériences de sa vie. Il donne forme à des pensées et des sentiments. Son langage sera donc en accord avec sa recherche, authentique comme la vie, divers et sans unité de ton : « Il faudrait pour ce que j’ai à dire, inventer un langage aussi nouveau que mon projet : car quel ton, quel style prendre pour débrouiller ce chaos immense de sentiments si divers, si contradictoires [….]dont je fus sans cesse agité ? [….] dans quels détails révoltants, indécents, puérils [….] ne dois-je pas entrer pour suivre le fil de mes dispositions secrètes [….][10]La spécificité des Confessions provient de leur indifférence à l’histoire. Rousseau n’apprend rien sur l’histoire du siècle, sur les événements de l’Europe. Il est presque indifférent au monde extérieur. Les lieux décrits appartiennent au domaine secret et privé du narrateur, et se rattachent à sa mémoire affective. Rousseau écrit pour parler de lui et non pas comme témoin d’événements. Il revendique son propre moi « L’unité du héros est aux antipodes d’un type conventionnel, elle ne tient pas à l’accumulation des aventures mais à la genèse d’une personnalité : subjectivité pourvue d’une intériorité complexe et d’un destin ».[11]

[10]

subjectiviteRousseau a eu une vie étonnante de par son obscurité, sa gloire comme ses persécutions. Il a hautement conscience d’avoir vécu une existence exceptionnelle et inouïe. Dans un mouvement démocratique, il revendique le droit de tout un chacun à écrire sa biographie et à la faire lire. Il manifeste que les événements de sa conscience et de sa vie personnelle, ont une importance absolue sans être un prince ou un évêque. L’entreprise des Confessions revêt une signification sociale pour son auteur. « L’affirmation des droits du sentiment et la justification de l’homme du peuple vont ici de pair. Parce que la valeur de l’homme réside toute entière dans son sentiment, il n’y a plus de privilège ou de prérogative sociale qui compte » [12]

Pour Rousseau, les qualités de l’âme compensent largement les qualités sociales. Son témoignage mérite d’être écouté, car il offre une image de la condition humaine, dans laquelle chacun est susceptible de se reconnaître. « Parce qu’il est lui-même un homme de rien, il a pu acquérir en compensation le pouvoir de tout comprendre ». Rousseau reste convaincu de posséder une meilleure connaissance des hommes de par son existence aventureuse et les divers états qu’il a pu remplir. Lui seul a réussi à pénétrer tous les milieux et à s’en faire une image juste. « [….] Sans avoir aucun état moi-même, j’ai connu tous les états; j’ai vécu dans tous depuis les plus bas jusqu’aux plus élevés, excepté le trône ». [13]

Rousseau prévoit précisément le rôle du lecteur. Il demande à ses lecteurs de tout lire soigneusement. Il postule que ceux-ci sont capables de comprendre le « discours de l’innocent » et d’établir un jugement en connaissance de cause.

[11]

« Je voudrais pouvoir rendre mon âme transparente au lecteur, et pour cela je cherche à la lui montrer sous tous les points de vue, afin qu’il puisse juger par lui-même du principe qui les produit[….] en lui détaillant avec simplicité tout ce qui m’est arrivé [….], je ne puis l’induire en erreur. C’est à lui d’assembler ces éléments et de déterminer l’être qu’ils composent; le résultat doit être son ouvrage [….] ». [14]

Rousseau demande à être jugé sur l’histoire de son âme, et attend de ses lecteurs une lecture adéquate, en accord avec le type de mémoire qui la conduit. Pour lui, la mémoire jaillie de l’oubli, constitue une instance infaillible pour établir les événements de sa vie passée. Il ne peut s’empêcher d’ailleurs de rendre son verdict : « J’ai dit la vérité. Si quelqu’un sait des contraires [….] et s’il refuse de les approfondir et de les éclaircir avec moi, [….] il n’aime ni la justice ni la vérité ». [15]

Rousseau se donne en modèle dans les Confessions. Il dévoile les transformations intellectuelles et existentielles, générées par le processus existentiel. Il parvient à une expression totale de lui-même et à une cohérence de sa destinée. Il montre comment effectuer les prises de conscience nécessaires à la revendication d’être, et à sa réalisation si difficile soit-elle. Il invite ses lecteurs à suivre cette même voie. Il fournit des repères d’une trajectoire. Il en livre le sens. Il élucide son passé afin de dégager la structure de son être dans le temps, et fait connaître cette structure secrète, comme le présupposé implicite de toute connaissance, de quelque ordre que ce soit. Pour Rousseau, il est nécessaire de parvenir à une idée juste et exacte de soi. C’est en vertu de celle-ci qu’on peut diriger convenablement son existence.[12]

Rousseau met en exergue une nouvelle valeur, celle de l’authenticité de l’individu dans son existence concrète. Il l’inscrit au cœur de l’éducation. Il démontre parallèlement que la force de la démarche autobiographique réside dans son projet sincère de vouloir ressaisir et comprendre sa propre vie. Celle-ci confère un sens à l’existence et donne des clefs pour se saisir de ses processus de formation. Rousseau a véritablement fait sienne son histoire et l’a réellement intégrée, à la lueur de l’expérience autobiographique. Cette recherche lui a permis d’exister totalement, de prendre possession de toutes les dimensions de son être, jusqu’à ses replis les plus secrets.

1-equilibreRousseau fait apparaître l’acte autobiographique comme révélation d’une nature individuelle, réfléchit aux singularités et aux contradictions de son caractère. La connaissance de soi tient essentiellement à une connaissance affective de l’affectivité. Il écrit au début du livre I, « je sens mon cœur« . Se connaître et se sentir constituent une seule et même chose pour l’écrivain. Rousseau envisage l’histoire de sa vie sous l’angle du sentiment, plutôt que sous l’angle global de la formation de la personnalité… Rien n’est hors de portée d’une patiente introspection. L’attention au moi, à l’espace du dedans, est commandée par la conscience qu’y réside une identité spécifique, singulière, à la fois originelle et naturelle.

Rousseau marque donc indéniablement le domaine autobiographique. Son influence est considérable. En tant que romancier, il fait passer l’autobiographie dans le champ littéraire. Il la constitue en un genre littéraire. A partir de 1782, l’entreprise autobiographique va relever de la création littéraire. Jusqu’alors l’autobiographie existait bien, mais elle était projetée à des fins religieuses ou morales. Il y avait d’une part la tradition catholique dont Saint Augustin constitue l’illustre l’exemple; et d’autre part la filière anglicane et piétiste. Si Marc-Michel Retz, l’éditeur hollandais de Jean-Jacques Rousseau, a été le premier ou l’un des premiers à l’inciter à écrire ses Confessions, c’est parce qu’il savait que l’entreprise était courante en Angleterre et dans les pays protestants, et qu’il attendait l’équivalent de Rousseau. Celui-ci connaissait assez bien la tradition pour y rattacher son entreprise et marquer aussi son originalité.

Les Confessions marquent la rencontre exceptionnelle d’un homme avec son époque. « On a tort de faire du domaine littéraire une sorte de compartiment étanche, séparé par des cloisons infranchissables du reste de la culture. Il se trouve en réciprocité d’influence avec l’ordre humain dans son ensemble ».[16]

Au XVIIIè siècle, la littérature apparaît comme le lieu privilégié pour la mise en honneur de l’individualité, selon les nouvelles valeurs. La culture renaissante fait de l’individu, l’épicentre, le lien de référence commun de toute vérité. La fonction autobiographique submerge l’espace littéraire. L’incidence de Rousseau dans l’histoire de l’autobiographie, loin de consacrer une rupture avec les origines humaines et spirituelles, s’inscrit comme une évolution. La recherche de soi devient un genre littéraire accessible à tous, un récit à la première personne dont le rédacteur est lui-même le personnage principal. « Le succès des Confessions fait date; il s’impose avec l’autorité de la chose jugée ». De plus, Rousseau introduit cette notion d’inné et d’acquis au sein de la personnalité, et ouvre l’étude de l’histoire par laquelle la personnalité s’est formée : « Pour bien connaître un caractère, il y faudroit distinguer l’acquis d’avec la nature, voir comment il s’est formé, quelles occasions l’ont développé, quel enchaînements d’affections secrètes l’a rendu tel« . [17]

quiz_lautobiographie_61Personne ne s’était penché sur ces questions avant lui. Rousseau fait apparaître l’acte autobiographique comme révélation d’une nature individuelle. Il ose dévoiler son vrai moi, le fonds de sa nature. Il démontre que l’écriture de la sincérité tient lieu de vérité recherchée. Le narrateur n’est pas en dehors de sa recherche de lui-même, sa parole le constitue. La parole authentique ne reproduit rien, elle obéit à la seule loi intérieure, produit sa propre vérité. Aussi, Rousseau s’exprime en ces termes : « Je prends donc mon parti sur le style comme sur les choses. Je ne m’attacherai point à le rendre uniforme; j’aurai toujours celui qui me viendra, j’en changeroi selon mon humeur sans scrupule, je diroi chaque chose comme je la sens, comme je la vois sans recherche sans gêne sans m’embarrasser de la bigarrure ».[18][13]

L’exigence d’authenticité soulève le problème du style. « Rousseau a découvert ces problèmes; il a véritablement inventé l’attitude nouvelle qui deviendra celle de la littérature moderne (…). » [19]     La synthèse de tous les problèmes posés par l’autobiographie se trouve opérée dans les Confessions. Cette œuvre occupe pour le genre, le rôle de pièce de comparaison que son auteur revendiquait.[14]

 

Source : Bénédicte de MAUMIGNYGARBAN,docteur en sciences de l’éducation

[[1]] G. GUSDORF, Les Principes de la pensée européenne au siècle de Lumières, les Sciences Humaines et la pensée occidentale : IV, Payot, 1972, Bibliothèque scientifique, p.  310

[2] Ibid., p 521

[3] Ibid., p.522

[4] J.J. ROUSSEAU, Émile ou de l’Education, Oeuvres Complètes : IV, Gallimard, 1990, Bibliothèque de La Pléiade, IV, p. 600

[5]  G. GUSDORF, Naissance de la conscience romantique au siècle des Lumières, les Sciences humaines et la pensée occidentale : VII, Payot, 1976, Bibliothèque scientifique, p. 261

[6] G. GUSDORF, Naissance de la conscience romantique au siècle des Lumières, Op. cit., p. 342

[7] J.J. ROUSSEAU, Les Confessions, in : Œuvres complètes : I, Gallimard, 1996, Bibliothèque de La Pléiade, p.5

[8] J. LECARME, E. LECARME-TABONE, L’Autobiographie, A. Colin, 1997, p. 162

[9] J.J. ROUSSEAU, Les Confessions, in : Œuvres complètes : I, Gallimard, 1996, Bibliothèque de La Pléiade, p.20

[10] « Ebauche des Confessions« , in Œuvres complètes : I, Gallimard, 1996, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1153

[11]L’Ecriture de soi, Vuibert, 1996, Vuibert supérieur, p.44 [[

[12]  J. STAROBINSKI, La Transparence et l’obstacle, Gallimard, 1972, Bibliothèque des idées, p. 222

[13]  Ebauche des Confessions, Op. cit., p. 1150

[14] Confessions, Op. cit., IV, p. 175

[15] Confessions, Op. cit., VIII, pp. 362-363

[16] G. GUSDORF, « De L’autobiographie initiatique à l’autobiographie genre littéraire », Revue d’histoire littéraire de la France, 1975, n°6, p. 978

[17]  Ebauche des Confessions, Op. cit., p. 1149

[18]  Ebauche des Confessions, Op. cit., p. 1154

[19] J. STAROBINSKI, Op. cit., p. 239

 

 

 

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